jeudi 17 juillet 2008

Clarification & stratégie peuvent faire bon ménage !


La lettre de Socialisme & Démocratie datée de ce 17 juillet, signée par Jean-Christophe Cambadélis permet d'entrevoir sans ambiguïté l'axe d'alliances solides choisi par les amis de Pierre Moscovici pour lui permettre d'en être le 1er secrétaire en novembre, et par là même mettre réellement le PS en ordre de marche en vue de 2012.


Une phrase de cette lettre est parfois interprétée sur le blog de Pierre Moscovici comme étant un signe de combine possible de JC-Cambadélis : "Nous ne faisons pas de la candidature de l’un des nôtres au poste de 1er secrétaire, un préalable", laissant soi-disant entendre que JCC aurait en tête au poste de 1er secrétaire, Martine Aubry :


Primo : nous ne sommes pas du tout sûrs que Martine Aubry, complice de Bertrand Delanoë, ait envie de l'être - tellement ce poste est ingrat, dur, avec le panier de crabes des militants toujours en désaccord ou en nuances avec ses dirigeants - elle sait que sa patience a des limites, qu'elle risque de se fâcher avec pas mal de gens, et donc se couper d'un destin national autrement plus prometteur en cas de victoire en 2012.


Secundo : tout candidat sérieux à la présidentielle de 2012, sait qu'il n'a aucun intérêt à se brûler les ailes - en rénovant de fond en comble le PS - durant ces 3 ans à venir, qu'il a tout intérêt à rester au secret jusqu'en 2011. Or Martine Aubry pourrait jouer la carte de "candidate" à la primaire élargie.


Par contre, là où Pierre Moscovici et JC-Cambadélis ont raison, c'est dans leur insistance pour se rallier Martine Aubry, complice de Bertrand Delanoë, surtout "patronne" de la Fédération du Nord, l'une des 3 les plus importantes de France. Les 2 autres semblent "acquises" à Pierre Moscovici - grâce au rapprochement Collomb-Mosco (voir billet précédent).


En fin de compte et de contes, nous nous retrouvons devant 3 "blocs" : celui de Mme Royal, de plus en plus sur ses nuages, celui de la "Rue Solférino" qui préfère semble-t-il le "gel des structures jusqu'en 2011" et celui rénovateur, ré-enchanteur de Pierre qui rallie de plus en plus de voix qui comptent : si les 3 fédérations les plus puissantes sont unies autour de sa candidature, on ne voit pas comment cela pourra être contourné. Il reste donc à "clarifier, réchauffer ses positions" avec la 3ème, celle du Nôôôrd ! rires.


Au PS, il faudra que tout le monde comprenne qu'en aucun cas l'on doit se tromper d'échéancier, de chantiers, de casting :


1) Echéancier : les alliances extra-PS en vue de 2012 sont à travailler après la rénovation des structures, mode de fonctionnement (relais, sections), la mise en ordre de marche d'un PS aphone, immobile.
D'abord le Congrès et 1er Secrétariat, ensuite les chantiers de rénovation, ensuite les alliances, ensuite les primaires élargies en 2011 pour élire le/la candidat(e).


2) Chantiers : poursuite de la rénovation dans la foulée de la nouvelle Déclaration de Principes, redynamiser les relais Sections-Solférino, clarification des objectifs, mise en place du programme qui servira de tronc-commun avec les alliés potentiels à rechercher...


3) Echéancier/Casting : d'abord élection d'un 1er Secrétaire compétent, dynamique ayant une vision claire des étapes à suivre pour ne pas perdre en 2012, ensuite travail COLLECTIF sincère, ensuite élections primaires élargies, loyalement organisées pour élire le/la "le mieux en forme" pour hisser les couleurs d'un collectif ré-enchanteur d'une majorité de Français.


Bien à vous, Nihadyou.


Lettre reçue de Jean-Christophe Cambadélis :


Paris le 17 juillet 2008

Cher(e) ami(e),

Tu trouveras ci-joint une charte qui résume nos positions et que j’envoie aux militants du Parti socialiste. Je tenais en t’en informer avant qu’elle ne paraisse, parce que je crois que dans ce moment complexe la transparence entre nous est indispensable.


Le Parti socialiste vit un moment paradoxal, jamais les divergences idéologiques – programmatiques c’est autre chose – n’ont été si ténues et jamais la fragmentation n’a été aussi grande. 21 contributions générales c’est effarant… Plus personne ne comprend rien, les questions de personnes encombrent le débat. Et ceci facilite évidemment le travail des tenants de l’immobilisme. Il est donc de notre devoir de clarifier et de recomposer avec un grand esprit de responsabilité.

Je crois pour cela nécessaire de revenir à nos fondamentaux avant les alliances. Nous voulons une nouvelle majorité de travail. C’est le sens de cette charte…Nous partageons la même volonté de construire une nouvelle majorité. Nous ne faisons pas de la candidature de l’un des nôtres au poste de 1er secrétaire, un préalable. A ma connaissance personne ne l’a fait. Depuis le 18 mai dernier et notre résolution unanime, nous voulons travailler avec Arnaud Montebourg et Martine Aubry.


Nous savons tous que Martine Aubry est la plus proche de nous. Nous avons tous perçu dans le texte de Gérard Collomb des préoccupations en résonance avec les nôtres. L’élargissement est nécessaire, nous le ferons. Oui au dialogue avec Martine Aubry et bien sûr Gérard Collomb, voire d’autres, sur la base de nos principes.Non au congrès pour rien ou à l’affrontement des présidentiables.


Nous n’avons pas vocation à nous subordonner à qui que ce soit. Nous avons en tête au-delà de ce congrès de gagner la présidentielle, même si nous savons que le socialisme ne se réduit pas à cela. Nous voulons contractualiser et si possible gagner, pas seulement pour nous-mêmes, mais surtout pour le Parti socialiste. Nous savons que se joue en ce moment une partie de l’avenir du Parti socialiste. Et nous voulons aborder ce moment avec la hauteur de vue nécessaire. De grâce !


Laissons à la rue de Solférino combinaisons et anathèmes pour maintenir les mêmes en place.Tentons donc de construire vite les rassemblements qui s’imposent avec Martine Aubry, voire avec Gérard Collomb, puis bâtissons un rassemblement majoritaire !

Amicalement,

Jean-Christophe Cambadélis


CHARTE "Socialisme & Démocratie" envoyée à tous les militants du PS :


CHARTE POUR LE RENOUVEAU

La France a espéré. Elle s’est mise à douter. Elle est inquiète.

Un pays sans ressort, démobilisé par une politique du « toujours moins ». Un Président de la République « touche à tout » qui déstabilise tout et ne règle rien. Nicolas Sarkozy, après avoir tout promis, beaucoup annoncé, n’a que de piètres résultats.

Un pouvoir d’achat chaque jour plus rabougrit. Des prix chaque jour plus élevés. Les difficultés à se loger, à travailler dans la stabilité, une précarité qui galope, une école au seuil de la rupture, une croissance faible, une politique écologiste en trompe-l’œil. Les discriminations s’accentuent, les inégalités s’accroissent, les collecti-vités locales sont étranglées. Quant à l’insécurité, elle a quitté la Une des journaux mais elle est toujours présente dans les rues. Et puis un Président de la République, satis-fait, qui provoque inutilement les grévistes avant de s’attaquer féro-cement au Code du travail.

Lentement la colère des français monte face à un quotidien de plus en plus difficile et un avenir sans visibilité.

La France se tourne vers la gauche. Les français voudraient trouver une alternative visible, simple et claire.


Le moins que l’on puisse dire, c’est que le PS et la gauche peinent à défricher un nouveau chemin.

Empêtrés dans les querelles d’hier, impuissantés par celles de demain, le PS et la gauche ne trouvent pas le ton juste entre préjuger d’hier et renoncement à demain.

Les couches moyennes se paupérisent, les salariés se précarisent, les exclus le sont chaque jour un peu plus, chacun galère comme il peut. La gauche, elle, semble rater le rendez-vous de l’espoir.

Le PS a besoin d’une nouvelle donne, d’un nouveau souffle, de perspectives nouvelles.

Le congrès du principal parti de la gauche, le PS, peut être une chance mais on sombre pour l’instant dans la fragmentation : 21 contributions générales, ce n’est pas le meilleur signe de bonne santé. Le PS consume son énergie dans un jeu de « Rubiscub » improbable pour des lendemains incertains.


Il est urgent de travailler à la recomposition du PS. Il est nécessaire de bâtir une nouvelle majorité pour imposer le renouveau.


Le PS ne peut s’embarrasser de faux débats. Parti de gouvernement, il sait que l’on ne peut distribuer que si l’on produit. Il sait ainsi que la dette est l’ennemie de la redistribution. Il est unanime pour travailler à l’égalité réelle. Il est unanime pour le développement durable. Il a, dans la mondialisation, obligatoirement l’Europe comme cœur de son projet.

Mais la vraie question qui doit requérir son imagination est la nouvelle question sociale. Les vrais défis sont ceux de la nouvelle phase de la mondialisation : la crise financière, la crise énergétique, la crise alimentaire.

La gauche ne peut reconstruire son dessein que si elle mobilise son énergie sur les réponses à ces questions. Le PS n’est pas un parti comme les autres. Son but n’est pas le pouvoir présidentiel pour le pouvoir mais la domestication écologique et sociale de l’économie de marché.

Le but du congrès ne peut être donc la désignation du candidat à l’élection présidentielle, ni la reconduction des mêmes équipes. Il faut changer ! Il faut muter !

A problèmes nouveaux, majorité nouvelle mais aussi modes de travail renouvelés.

Le PS a besoin d’une grande mutation pour bâtir l’alternative et réunir les gauches. Il ne peut en rester à l’immobilisme délétère et à la présidentialisation mortifère.


Pour cela il faut bâtir une nouvelle majorité du PS autour d’idées simples :

A* Face à la présidentialisation : des primaires organisées par le PS.

B* Face à l’immobilisme :

1) Des réponses claires aux Français, tranchées par les adhérents en conventions thématiques.
2) la préparation du nouveau programme commun de la gauche.
3) la perspective du parti de toute la gauche.

C * Face à la reconduction des mêmes équipes :
4) une nouvelle gouvernance du PS rajeunie et solidaire, ramassée.
5) un leadership de travail : travailler les réponses, travailler avec les acteurs sociaux, travailler avec nos partenaires.
6) une nouvelle animation nationale du parti : retour des responsables au militantisme de terrain, meetings, réunions, débats, campagnes nationales.
7) un nouveau parlement du parti, votant sur le rapport d’activités, le rapport financier et l’orientation. Un nouveau parlement qui ait la maîtrise, le contrôle et l’impulsion de la vie collective des socialistes.


Jean-Christophe Cambadélis – 17 juillet 2008

2 commentaires:

Wahbi JOMAA a dit…

"tellement ce poste est ingrat, dur, avec le panier de crabes des militants toujours en désaccord ou en nuances avec ses dirigeants"

Effectivement le PS n'est pas un parti de godillots. C'est un parti démocratique où les militants interpellent à juste titre leurs responsables. Ce n'est pas pour cela que c'est un panier de crabe !!

Amicalement

Clin d'oeil de Nihadyou a dit…

Cher ami, WJ : je souhaitais te mailer, te proposer de nous voir ce jeudi où je suis de passage à Bordeaux. Je me demandais si tu étais en vacances, ou si "tu me boudais" ! rires... heureux de te retrouver.

Le panier de carbes que nous sommes : c'est une expression gentille ! rires... si tu voyais les joutes stériles dont nous sommes capables ici ou là... à contester à nos leaders PS des choix... oui, le PS est un parti réellement démocratique, permettant des ruches d'idées géniales... c'est un parti bel et bien vivant, en ébullition tellement la mutation est obligatoirement importante... mais les Gavroches de toutes sensibilités - intra PS - que nous sommes, s'y croient un peu...

Vivement que le Congrès soit derrière nous... et que l'on se mette enfin au travail bien organisé collectivement, grâce à un chef d'orchestre compétent, fédérateur, visant un seul objectif : permettre à la gauche de se ré-enchanter, de ré-enchanter la France, de proposer une Alternative crédible, donc audible en 2012, et d'enfin ramener la France à ses vraies valeurs.

C'est le devoir de la Gauche, une sacrée responsabilité, qu'elle ne doit en aucun cas se laisser noyer dans des joutes stériles.

J'ai confiance en notre COLLECTIF, j'ai confiance en l'intelligence du PS, je vois l'avenir en Rose, malgré des médias qui persistent à nous laisser (plutôt pousser à) nous chamaillet dans la marre.

On se voit à Bordeaux ce jeudi ? vers les midi ou à l'heure du café ?? Je serai à la FNAC de bon matin... vers les 9h. Donc dès 10h, dispo.

Bien à toi. Amitiés, Nihad